Un grain de sable

Crâne, bougie, sablier rappellent que l'homme voit le temps s'écouler de façon inexorable.

 

On ne sait rien de son apparition ni de sa création, certains le situent vers le XIII° siècle, mais il est toujours présent dans nos foyers. Ustensile de cuisine ou objet de décor, il fascine toujours autant. Longtemps constitué de deux ampoules distinctes maintenues collées l'une à l'autre par un diaphragme dont le diamètre contrôlait le débit de sable, tel est le sablier. Au Moyen-Âge, il permet de limiter un temps de parole lors des sermons ou des plaidoiries.

Chez les marins, utilisé pour mesurer la durée des quarts, il remplace l'horloge qui rouille et ne supporte pas les mouvements de la mer.

 

À la recherche du sablier...

François, vendeur chez Nature et Découverte, en réalité en stage, étudiant en 2e année à l'ESSEC*, nous présente le produit recherché : « Le minuteur sablier 3 temps : 1 mn pour l'infusion de thé, 3 mn pour un œuf à la coque et 5 mn pour l'œuf mollet. Il est utilisé pour des durées courtes car il faut le retourner souvent. Il est fiable, précis et peu couteux. »

 

C'est un objet vendu plus pour son aspect décoratif que pratique, où l'originalité du visuel est primordiale. L'esthétique (verre et acier) y est renforcée par le chatoiement des couleurs (rose, jaune et orange). C'est un objet que l'on classe dans les produits complémentaires dans le même espace que des produits d'appel comme le thé, les infusions et les tisanes. François, marketing oblige, nous explique que hélas, « on a plus souvent recours à sa montre ou à son smartphone en activant la fonction chronomètre et la sonnerie pour la cuisson des œufs ou l'infusion de thé. Mais le sablier reste un objet ludique, de rêverie, un objet à offrir. »

Un objet ancien aux couleurs d'aujourdhui

Au commencement

On représente le Temps, un sablier à la main. Symbole et sablier ont la même étymologie (joindre).

D'origine grecque, le symbole désignait un procédé de communication secrète consistant en un objet fractionné en deux parties qu'il suffisait ensuite de joindre pour reconstituer un message ou un signe convenu de reconnaissance.

L'existence du sablier est avérée dès le XIIIe siècle même si le mot n'apparaît qu'au XVIIe siècle. Les plus anciennes horloges à sablon étaient constituées de deux ampoules de verre emplies de sable fin ou de poudre de coquille d'œuf et placées l'une sur l'autre. Entre les deux était disposée une plaque percée d'un trou étroit destiné à laisser passer le sable régulièrement. Plus tard l'amélioration de la technique du soufflage du verre a permis la réalisation de sabliers d'une seule pièce. Actuellement, les matériaux les plus utilisés sont la poussière de marbre et de sable.

 

Rêve et réalité

Si un grain de sable peut gripper une machine, ensemble, des centaines de grains écoulent le temps.

Les enfants fascinés par la fluidité du sable dans les grands sabliers, objets de décoration et dont la durée va jusqu'à quinze minutes, n'ont que faire de savoir que c'est « un instrument qui permet de mesurer un intervalle de temps correspondant à la durée d'écoulement d'une quantité calibrée de sable à l'intérieur d'un récipient transparent ».

Pour appréhender la notion du temps et de la durée, rien de mieux que proposer à des élèves de classe primaire (du cours élémentaire au cours moyen) la construction d'un sablier : à eau, semoule, sucre, sable, sel, tapioca ou farine. L'eau coule irrégulièrement et s'arrête, la semoule ne coule pas, la farine colle. L'objectif est d'acquérir des connaissances relatives aux objets de la mesure du temps au moyen d'un vocabulaire à maitriser, durée, débit, fluide, diamètre, et des mesures de temps, secondes, minutes...

La légende dit que les indiens Hopi ne perçoivent pas le temps comme une continuité qui relie passé, présent et futur mais conscients de l'intrication des éléments, de la place de l'homme et de sa capacité à rêverie, ils nous adressent ce message :

« Là où les fleuves ne coulent pas, l'écoulement du temps comme venant d'un futur ne va plus de soi. »

Jean-Louis Deysson

 

*ESSEC : École supérieure de sciences économiques et commerciales Cergy-Pontoise