L'apprentissage, voie d'exellence
Un apprentissage vigoureux, aussi bien pour des métiers manuels que pour certaines professions intellectuelles, favorise la création d’emplois.
L’apprentissage a le vent en poupe. Cette filière de formation qui passait pour une voie de garage retrouve son lustre car elle est une arme dans la lutte contre le chômage. Une loi récente renforce son attractivité. À noter que l’apprentissage ne concerne plus seulement les métiers manuels, mais qu’il inclut la formation en alternance d’ingénieurs, de commerciaux et de gestionnaires dans des écoles spécialisées ou par l’Université.
Image dégradée
Autrefois, l’entrée dans la vie active était bien souvent précédée par une période d’apprentissage qui démarrait généralement à 14 ou 16 ans depuis 1959. Le jeune était accueilli par un artisan, un centre de formation dépendant de l’Éducation nationale ou encore dans une grosse entreprise, assurant elle-même la formation de ses futurs ouvriers et employés, comme la SNCF, EDF, les arsenaux de la Marine, certaines branches professionnelles et bien d’autres.
En 1985, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche et des technologies, souhaite que 80 % des jeunes d’une génération obtiennent le bac. Ce qui se traduit par les lois d’orientation de 1985 et 1989, relatives à l’enseignement professionnel et technologique, avec pour conséquence, en particulier, la création du bac professionnel. Ces dispositions sont interprétées par les familles des milieux populaires comme le droit à la poursuite des études longues pour leurs enfants. Alors qu’il fut un choix assumé pendant fort longtemps, l’apprentissage apparut très souvent comme un pis-aller, la conséquence d’une orientation par l’échec. Avec l’expérience, on constate que de nombreuses filières technologiques, normalement prévues pour les titulaires de bac pro, comme les IUT ou les BTS, sont bien souvent préemptées par des bacheliers issus de l’enseignement général. En conséquence, l’image de l’apprentissage s’est encore plus dégradée auprès des jeunes et des parents et même des entreprises.
Choix politiques
Au début des années 2000, les responsables politiques se sont interrogés : « Comment redresser la barre, alors même que tout le monde s’accorde à dire que ceux qui choisissent cette voie ont la quasi-garantie de trouver un emploi ? »
Pendant le quinquennat de François Hollande, plusieurs mesures incitatives sont prises : suppression de charges et attribution de primes pour l’embauche d’apprentis ; contrat d’apprentissage permettant d’alterner formation et travail en entreprise, etc. Il y a alors environ 430 000 apprentis, le gouvernement souhaite porter ce nombre à 500 000, à la fin du quinquennat. Il ne sera pas atteint, en 2017 il n’y a plus que 400 000 apprentis.
Dès son élection, le président Macron se saisit à son tour de ce problème. Interrogée en avril 2019, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, faisait le point : « L’apprentissage est devenu dynamique dans notre pays, en augmentation de 7,7 % en 2018 par rapport à 2017. Mais il faut amplifier ce mouvement et combler le chemin qui nous sépare de pays comme l’Allemagne qui compte 15 % d’apprentis contre 7 % en France. […] La loi […] du 5 septembre 2018 renforce l’attractivité de l’apprentissage […]. Le regard porté sur cette filière d’excellence est en train d’évoluer […]. Le gouvernement a souhaité offrir à toutes et tous la chance de pouvoir entrer en apprentissage en levant des freins. […], c’est notamment la possibilité de signer un contrat d’apprentissage jusqu’à la veille de ses 30 ans […]. Pour les entreprises aussi, nous avons levé les freins afin de leur permettre d’avoir recours à l’apprentissage. […], elles peuvent désormais créer leur propre CFA1 […], une dizaine d’entreprises ont déjà créé le leur. » Ainsi renaissent les centres de formations gérés par les entreprises, dont les derniers ont disparu à la fin des années 1990. Ces mesures ont déjà eu des conséquences positives. Au 31 décembre 2019, il y avait 491 000 apprentis en France, soit une hausse de 16 % par rapport à 2018.
En complément des dispositions prises par l’État, la région Nouvelle-Aquitaine finance 115 CFA, accompagne les jeunes dans leur recherche de formations et d’employeurs. Elle a également mis en place différentes aides pour améliorer leurs conditions de formation, ils sont actuellement 38 000. La région consacre ainsi environ 250 millions pour ces actions, soit 9 % de son budget global par an.
Il faudra attendre la fin de ce quinquennat pour savoir si les dispositions prises auront été suivies d’effets significatifs.
1 Centre de formation d’apprentis
Roger Peuron