Aux petits soins de la vigne
Tout au long de l’année, le travail manuel est indispensable pour obtenir un bon vin.
Taille, épamprage, levage, effeuillage… Une année de travail le plus souvent manuel est nécessaire avant de vendanger et fabriquer le vin. Depuis son développement par les Romains, la culture de la vigne reste un métier manuel pratiqué dans des conditions souvent difficiles. Pour évoquer ce travail, Nous avons, grâce à skype, dialogué avec Bruno Ballet, producteur et vinificateur dans les graves de Vayres. Sa caméra nous fait découvrir, à l'ombre d'un magnifique pin parasol, le lieu d'élevage du vin, vaste bâtiment où s'alignent cuves et barriques. Des vignes alignées au cordeau entourent le chai, mais derrière ce paysage de carte postale se cache un monde rude aux tâches souvent ingrates.
Travaux de tous les instants
Prenons comme point de départ la fin des vendanges. Pendant qu'une partie du personnel s'occupe de la vinification, l'autre reprend le travail de la vigne. Quelles que soient les conditions climatiques, il faut labourer les sols, épandre de l'engrais, remplacer les pieds morts.
La taille de la vigne s'étale de novembre à mi-mars ; période propice aux intempéries. S'il pleut, équipés de lourds cirés et de bottes, les ouvriers pataugent dans la boue ; s'il gèle, leurs doigts sont gourds sous les gants. Bruno précise : « Ils taillent environ 1 000 pieds par jour (sur les 240 000 de la propriété), mais l'utilisation du sécateur électrique a permis de rendre la tâche moins pénible en limitant les tendinites, ainsi que la féminisation de ce travail ».
Puis vient le tombage du bois qui consiste à mettre les sarments au milieu du rang afin de permettre son broyage. Suit l'entretien du palissage, le remplacement des piquets et la réparation des fils de fer. Dans un même temps, interviennent le calage, opération qui consiste à attacher le pied de vigne au palissage et le pliage (le rameau laissé à la taille est plié et attaché au fil de fer). Le travail est moins fastidieux grâce à un outil mécanique ou électrique. Encore un gain de temps, mais être courbé à 30 ou 40 cm du sol toute la journée entraîne une usure prématurée du dos.
Fin avril, c'est l'épamprage : les gourmands (bourgeons qui se trouvent sur le cep de vigne qui peuvent favoriser l'émergence de maladies car près du sol) sont éliminés. « La mécanisation de l’épamprage pourra permettre d'éviter une intervention manuelle et chimique, enfin un vrai progrès ! » nous dira, plus tard, Bruno.
En suivant, le levage consiste à mettre les nouvelles pousses de l'année à la verticale et à les fixer dans les fils, opération qui se répétera les mois suivants. La dernière étape est le rognage qui consiste à étêter la vigne. Ce procédé sera renouvelé au cours de l'été.
Pendant la période estivale, l'effeuillage consiste à enlever des feuilles à la main pour une maturation plus rapide du raisin. Notre interlocuteur nous indique : « Ici, nous ne le pratiquons que sur les merlots ». Les températures caniculaires que nous subissons depuis quelques années rendent cette partie du travail extrêmement pénible.
Parallèlement, les premiers traitements phytosanitaires sont effectués dès l'apparition des maladies et devront être répétés.
Vendanges et vinification
Aboutissement de cette année de labeur, les vendanges commencent début septembre pour s'achever à la mi-octobre. Elles sont mécanisées, sauf pour le crémant dont les raisins doivent être ramassés à la main. Dans le cuvier, les hommes s'agitent au milieu d'un entrelacement de tuyaux lourds à déplacer d'une cuve à l'autre. Ils effectuent de multiples opérations de remontage du contenu des cuves (il s'agit de faire repasser le jus de raisin sur le moût), de soutirage pour clarifier le vin. Il faut débarrasser les cuves des rebuts de vendange et les nettoyer à grand renfort de jet d'eau. Les journées se passent dans une atmosphère froide et humide. La surveillance des températures de fermentation occupe les journées et les nuits de Bruno.
Dernière vision du chai où sont entreposées les bouteilles. Malheureusement skype ne permet pas encore de goûter les vins qui défilent sous nos yeux. Ce n'est que partie remise.
Bernard Diot