Musicien photographe
Dafydd Sherwin-White, anglais d’origine, a su marier son goût pour la musique à sa passion de la photographie.
En 1970, un samedi soir dans une bourgade au nord de la Gironde, le bal est bien lancé. Sur scène quatre musiciens, Dafydd est à la guitare. « J’étais à l’époque lecteur d’anglais à l’université de Bordeaux et comme cet emploi n’était pas très prenant, ni très rémunérateur, je complétais ainsi mes revenus. », déclare-t-il.
Piano et guitare
À 5 ans, il assiste à son premier concert de piano, il est séduit. Ses parents, bien que modestes, lui offre un instrument et des cours. Pendant une dizaine d’années, il va subir un enseignement très classique dont il garde un souvenir assez désagréable. Il passe néanmoins quelques examens avec succès.
Il a 14 ans quand sa maman lui achète une guitare et un guide. « Sans pratiquement discontinuer, je copie à l’oreille les 45 tours de rock alors très en vogue en Angleterre. Au bout de six semaines, j’ai acquis les bases de la guitare, confie-t-il. À 15 ans j’intègre des groupes de jeunes musiciens et pendant trois ans, nous nous produisons dans des pubs, c’est une expérience très formatrice. »
Vivre en France
Parallèlement, il prépare et obtient une licence d’anglais et une autre de français. Son goût de la France et de sa langue lui vient en particulier des vacances passées à Rambouillet dès ses 13 ans. Son père, journaliste francophile et photographe, l’encourage dans ses choix.
Fin 1968, il est recruté comme assistant dans un lycée de Périgueux, il y rencontre sa future épouse. Le voilà déterminé à poursuivre sa vie en France.
Il entame alors une carrière professionnelle qu’il débute, à la fin de 1971, comme formateur d’employés adultes confrontés à l’anglais. Pendant 10 ans, il travaille pour plusieurs sociétés, dont la Sogerma qui le recrute en 1981 comme responsable de son service traduction. Il va ensuite occuper plusieurs postes dans cette même société, jusqu’en 2007.
Le jazz est là
Mais la musique ne l’a pas quitté pour autant. En 1973, il passe au jazz. Il découvre ou redécouvre des standards bien connus du swing et du be-bop des années 1940 1950. Il rejoint plusieurs groupes d’amateurs éclairés, reconnus par les professionnels. Avec eux, il joue de la guitare basse électrique dans les différents clubs de Bordeaux et de sa région. À partir de 1987, il réduit ses activités musicales. Il précise : « Je me contente alors de dépanner quelques amis et de participer à l’enregistrement de maquettes pour des CD. Ce qui me permet de garder le contact avec le milieu. En 2007, j’intègre le groupe Jazbras, spécialisé dans la musique brésilienne agrémentée de nombreuses improvisations. »
Images et sons
Mais Dafydd a bien d’autres cordes à sa guitare. Dans sa jeunesse, il n’a guère porté grande attention à la photographie alors que son père, qui a opéré comme photographe dans la RAF pendant la seconde guerre mondiale, est responsable d’un studio spécialisé dans le portrait. Il faut attendre les années 1980 pour qu’il goûte pleinement aux joies de la prise de vue. Alors qu’il est en poste à la Sogerma*, il est amené à réaliser des photos techniques, des comptes rendus de visites et de manifestations. Il affine ainsi ses compétences.
« J’assiste à l’époque à de nombreux concerts et festivals de jazz, dont je souhaite conserver des traces matérielles. Pourquoi ne pas photographier ces artistes que j’admire. Pendant de nombreuses années je les couche sur la pellicule, sans aucune réticence de leur part, ni même de leur entourage ou des organisateurs de spectacles. Hélas ! Les choses ont bien changé ces dernières années depuis que le marketing et la gestion de l’image ont pris le pouvoir, même pour les musiciens les plus modestes. C’est souvent que l’on me refuse le droit d’opérer. » Ce n’est pas le cas de L’Observatoire, bien au contraire, auquel il fournit depuis plus de sept ans des photos.
Mais Dafydd joue également sur une toute autre corde qui l’a amené à fabriquer de superbes guitares sèches ou électriques. Il en est à sept aujourd’hui, il arrêtera, dit-il, sourire aux lèvres : « lorsque j’aurai réussi l’instrument parfait ! ».
Alors que Dafydd est musicalement moins présent aujourd’hui, il affirme son amour de la musique et des musiciens à travers ses photos. Le lecteur trouvera en pages 14 et 15 des photos d’artistes qu’il a rencontrés au fil des années.
Roger Peuron