Autofinancée
Jeunesse, générosité, gentillesse ou comment abattre les murs de l'indifférence.
Tous les autistes ne sont pas le héros du film Rain man. L'autisme se manifeste en particulier par une anomalie de la communication et des comportements répétitifs. Ces symptômes sont souvent associés à des difficultés sensorielles et comportementales qui imposent le recours à des lieux de vie adaptés.
Les protagonistes
Annaëlle, Laura, Thomas et Thifanie sont en terminale Bac Pro Service à la personne au lycée Agir de Langon. Au cours de leur dernière année, ils doivent mener à bien un projet pluridisciplinaire en association avec une structure. Il leur est bien précisé que le dit projet doit répondre à un besoin précis. En septembre2013, Laura a fait un stage à la Maison d’accueil spécialisée du Sabla (MAS). Elle y est encore parfois appelée pour des remplacements. Elle connaît bien les lieux, les pensionnaires et les intervenants. La Maison d'accueil du Sabla, partenaire du réseau Autisme France, accueille depuis 2007, dans quatre maisons, 28 résidents majeurs en hébergement à temps complet. 47 professionnels interviennent dans le but de personnaliser l'accompagnement, d'améliorer la qualité de vie et d'amener à une progression de l'autonomie. Laura sait que la direction de la MAS souhaiterait acheter une golfette* susceptible de stimuler les fonctions sensorielles des autistes au travers d'expériences apaisantes, structurantes et porteuses de bien-être. Les plus dépendants qui font déjà des balades en calèches (très onéreuses) pourraient s'approprier le véhicule au cours de promenades. Les plus autonomes accéderaient ainsi à la découverte des rudiments du code de la route. Le tout à l'intérieur du Centre parfaitement balisé et adapté. Le projet peut sembler étrange, pour la jeune stagiaire qui a vécu l'univers de l'autisme, c'est une révélation. À elle de convaincre ses trois camarades de l'importance de l'enjeu et de les décider à en faire leur projet de fin d'année.
Le thé dansant
Première étape, visite de la structure. Deuxième, évaluation des besoins : au moins 2 000 €. Début octobre, c'est l'ébullition. Il faut tout tenter. Affichettes, appels aux dons, sur les journaux, dans les magasins, sur Facebook : presque 1 100 €. Bien mais insuffisant. La mairie contactée offre une salle pour le thé dansant du 8 novembre. Pour l'orchestre, pas de problème, des amis. Les boulangers du village font les gâteaux, Leclerc Langon propose les boissons. Tati Martine, la déco et la vaisselle jetable. Même la SACEM fait un effort. Bénéfice net : 437 €. Le compte n'y est toujours pas. Les valseurs n'étaient pas assez nombreux.
Le concert
C'est alors qu'intervient la maman d'un résident. Elle fait partie du groupe vocal Nuances de Pessac. Le chef de chœur accepte d'intervenir. Voilà les quatre organisateurs relancés. La mairie de Langon prête l'espace Nougaro et les deux agents de sécurité obligatoires. Tous les médias jouent le jeu, des radios locales aux quotidiens. Les jeunes inondent les marchés de flyers, Leclerc diffuse l'information tant dans son hall que sur ses écrans. Vendredi 23 janvier, malgré l'angoisse, il faut aller en cours. Parents et amis prennent le relais, répartissant boissons et gâteaux. Le soir 80 personnes assistent à un concert exceptionnel. Brel, Ferrat, Barbara... Belle soirée, bénéfice net : 1 127 €. « Nous avons remis à la MAS un peu plus de 2 100 €. Reste maintenant à trouver la golfette idéale. Dès demain, nous entamons les démarches auprès des golfs voisins. Le plus dur est fait mais ceux qui veulent encore les aider et nous aider seront toujours les bienvenus. »
Dany Guillon
* voiturette de golf