Depuis quelques années, les châteaux bordelais se sont dotés de chais rénovés pour être compétitifs en vins d’exception mais aussi pour affirmer leur modernité par le biais d’architectures innovantes.

Les vins bordelais, depuis le XVIIe siècle, ont exhibé leurs châteaux de style médiéval, comme celui de La Brède, avec douves et parc arboré. Mais le plus souvent, la construction est néoclassique, une grande allée rectiligne amène le visiteur au château. Les réceptions y perpétuent les traditions et le bon goût français. Longtemps délaissés, proches de l’habitation du maître de chai, se trouvent les bâtiments abritant les cuves en bois, en ciment, le pressoir et les barriques.

Autres stratégies

Les chais étant trop exigus et non conformes aux nouvelles techniques de vinification, la seule possibilité est de construire. Le prestige des châteaux passe maintenant par les noms d’architectes connus, ceux du Médoc ont donné l’exemple avec Ricardo Bofill et Mario Botta. Le développement du marché mondial des grands vins et les bénéfices engrangés permettent ces rénovations. Environ 120 millions d’euros sont investis chaque année en travaux dans le Bordelais.

À Saint-Émilion, le nouveau chai de Cheval-Blanc construit par l’architecte Christian de Portzamparc est couvert d’une vague de béton blanc qui se fond dans le paysage de collines calcaires. Tout à côté, Jean Nouvel construit le chai de La Dominique, un seul grand rectangle rouge. Se faire remarquer de très loin, dominer les châteaux voisins ou marquer son originalité, telles sont les nouvelles stratégies. Il est impératif de créer des espaces de dégustation pour les futurs clients, de montrer l’alignement des ceps de vigne soigneusement entretenus, d’avoir un toit terrasse végétalisé pour la modernité, sans oublier un restaurant, une boutique et des chambres d’hôtes.

Cathédrale du vin au château Faugères

Surmontant le domaine, à Saint-Émilion, le grand cube en pierre blanche s’expose. Six étages pour cinq chais différents et très peu d’ouvertures. À l’intérieur, les murs de ciment brut sont parfois rayés de blanc et gris, le sol coloré en rouge pour l’arrivée de la vendange, devient jaune au niveau des 46 cuves en chêne, puis bleu : vous êtes à 8 mètres sous la surface du sol où sont entreposées les barriques, décorées d’une bande rouge et cerclées à l’ancienne.

 Le maître de chai vous reçoit à l’intérieur de ce bâtiment construit par l’architecte suisse Mario Botta. Le propriétaire a fait fortune dans la cristallerie Lalique et les parfums. Il a décidé que les 37 hectares devaient être cultivés en viticulture naturelle durable et produire un grand cru classé. Par un ascenseur entièrement vitré, vous sortez sur la terrasse végétalisée où les rangs de lavande s’accordent aux rangs de vigne qui s’étalent plus bas. Une immense table rectangulaire au piètement acier et bois, des chaises design devant la baie vitrée, permettent une vue panoramique du domaine. Les clients sont sous le charme.

Texte et photos de Pierrette Guillot

C'est grâce à Médiarchi que j'ai obtenu toutes ces informations. Caroline Mazel a fait une conférence sur les nouveaux chais et organisé une visite  dans les châteaux Faugères, Soutard et Barde-Haut.

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