Une architecte engagée
À 35 ans, Caroline Mazel affirme sa personnalité et sa vision du métier d'architecte.
Elle vous accueille avec un sourire qui dégage une sympathie spontanée, renforcée par un charme naturel en harmonie avec ses tenues décontractées, alliant souvent jean et tee shirt. Elle claque facilement la bise aux familiers qui fréquentent ses conférences, comme un signe d’appartenance !
Caroline Mazel a une grande capacité de conviction qui tient à son enthousiasme, à son art de disserter et à la richesse de ses propos, fruit malgré la facilité apparente, d’un grand travail.
Marquée par son engagement au service du collectif, elle n’hésite pas à brocarder allègrement, à la grande joie de son public, les attitudes ou les réalisations qui y dérogent.
Dessein de jeunesse
« Dans le Périgord où je suis née, puis à Cestas, j’ai eu auprès de ma famille une enfance hyper heureuse qui m’a fondée et ancrée dans mes convictions. Cela m’a permis de prendre des risques, de ne pas être dans les rails ! J’ai été plus particulièrement marquée par mon grand-père maternel, ouvrier syndicaliste engagé. C’était un homme généreux, attaché au partage et à la solidarité. Il a forgé ma conscience politique. Chez mon autre grand-père, je suis sensibilisée par les rencontres de peintres et sculpteurs qu’il accueille dans son bistrot. Ils m’ouvrent à un autre monde. Parallèlement, je suis impressionnée par la maison PIC, chef d’œuvre des années 50, créé par le cousin de ma grand-mère. C’est une d’œuvre d’art, caractéristique des fifties, qui me fascine. Ces événements successifs sont le fil déclencheur de ma vocation. »
Riche expérience
Malgré son parcours littéraire, elle est reçue en 1994 au concours d’entrée à l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux. La jeune Caroline plonge dans un nouveau monde, découvrant avec bonheur des gens très différents de son milieu, une approche pluridisciplinaire des études et le plaisir des sens lié à la lumière et à la matière.
« Les premières années sont éprouvantes, avec un rythme de travail important et des professeurs très exigeants. Je reconnais aujourd’hui que ces années m’ont forgée, aguerrie et préparée à une vie professionnelle loin des sentiers battus. Je dois beaucoup humainement à cette période, avec des gens formidables découverts au fil du temps, certains véritables mines de savoir. »
Après une année de stage très enrichissante sur le terrain, consacrée à la reconversion du petit patrimoine ferroviaire de l’ancienne ligne Bordeaux-Eymet, elle présente avec succès son Travail Personnel de Fin d’Étude (TPFE) et reçoit son diplôme d’architecte.
Former et sensibiliser
Caroline Mazel prépare ensuite un DEA, Diplôme d’Études Approfondies en Histoire Socioculturelle à l’Université de Versailles, analysant la politique de communication du projet urbain de Bordeaux. Elle devient en 2004, enseignant chercheur dans le laboratoire PAVE de son école (Profession, Architecture, Ville, Environnement). Au delà des études et travaux qui font l’objet de publications, cette équipe sensibilise les élèves à la recherche en architecture et les accompagne dans des travaux de réflexion et d’enquête. Caroline Mazel s’intéresse particulièrement, avec ses collègues sociologues, à la perception des usagers des nouvelles réalisations architecturales. Ses enseignements portent sur l’habitat et sur un courant plus spécifique, Le Mouvement Moderne.
Parallèlement, elle s’engage dans une mission d’architecte passeur pour faire connaître et apprécier l’architecture contemporaine à un large public. Elle crée Médiarchi qui symbolise bien son ambition, en 2003, autour d’une activité de sensibilisation, de formation et de découverte. Aujourd’hui, elle présente un cycle de conférences dans le grand Sud Ouest, notamment sur la CUB à Cestas, Talence et Mérignac.
« Je revendique une posture critique, en portant à la connaissance des auditeurs des faits peu mis en lumière. Si après m’avoir entendu, les gens repartent en s’interrogeant sur les idées qu’ils avaient, alors j’aurais en partie rempli mon rôle ! »
« Devant le manque criant de logements collectifs de qualité, je suis peinée de voir autant de disparité et d’inégalité. L’architecture dans ses missions se doit de contribuer à les réduire. »
François Bergougnoux