États d'âme
Coucher de soleil sur le port d'Arcachon
Flânerie dans la ville d'Arcachon sans l'animation des beaux jours.
11mai 2020, après deux mois de confinement c'est le retour à une vie de semi- liberté. Les déplacements sont autorisés dans un périmètre de 100 km, les divers magasins ouvrent de nouveau, les plages sont accessibles en mode « actif ». Pour les bars et restaurants, il faut attendre le mois de juin. Vite, prenons la voiture et filons à Arcachon. Cette ville balnéaire de 750 hectares compte aujourd’hui 11 000 habitants permanents, nombre à multiplier par 4 en juillet et août. Une de ses particularités est d’être divisée en quartiers dont les noms rappellent les 4 saisons.
Le port de plaisance engourdi dans le quartier de la Ville d'automne d'Arcachon
Ville d'automne au printemps
Après ces mois passés à rester confinée à la maison avec seulement le droit de ne sortir qu’une heure par jour, munie d’une attestation, j’ai hâte de revoir cet endroit familier. En arrivant, je redécouvre les 350 m de quai du port de pêche situé dans le quartier de la Ville d’automne. Ils semblent comme engourdi par 2 mois d’inactivité. Habituellement la pêche et l’ostréiculture rythment la vie de ce port, réputé pour la qualité des poissons vendus à la criée. Celui de plaisance, seul port en eau profonde du bassin, lui fait suite. Il s’étend sur 21 hectares et offre aux amoureux de la navigation 2 600 anneaux et plus de 750 corps mort. Pinasses et vieux gréements côtoient voiliers, et bateaux à moteur. Aujourd’hui, tout est paisible, seuls, de ci de là quelques plaisanciers, retrouvant leur bateau un temps délaissé, restaurent ici un mât, là, un cordage ou s’adonnent au toilettage nécessaire à une sortie qu’ils espèrent prochaine. Un petit nombre de promeneurs et cyclistes masqués déambulent sur le passage aménagé le long de la plage d’Eyrac. Bien que l’eau soit encore très fraîche des enfants s’amusent à s’éclabousser. Les parents debout à leurs côtés respectent ainsi les recommandations : « Ne pas s’assoir sur la plage ». Pour ma part, marcher sur le sable fin, respirer l’air marin, admirer le reflet du soleil sur les vagues est une véritable sensation de liberté retrouvée.
Quelle étrange ambiance dans les rues et sur les places de la Ville d'été d'Arcachon
Ville d’été en attente
Les commerces de la ville d’été sont de nouveau ouverts : masque, lavage des mains au gel hydro alcoolique sont les obligations dictées par le gouvernement. Seuls quelques habitués arpentent les rues, sans s’attarder, à la recherche de produits de première nécessité. Ce centre-ville, entièrement reconstruit, a été inauguré en 2012, après 7 ans de travaux. Véritable lien piétonnier entre la Ville d’hiver et la plage, il attire habituellement une foule colorée et dense. Il s’étend sur 3 hectares : un marché couvert, architecture de verre et de métal de 1 500 m2, trois nouvelles places, un parking souterrain, 300 nouveaux logements construits dans le style arcachonnais, suivant les dessins des architectes François Gauthier et Jean-François Turbot. « Chaque immeuble est conçu en façade comme un ensemble de petites maisons arcachonnaises, le tout avec des enduits pour pastels blancs dont les nuances varient en fonction de la lumière et des heures de la journée » explique Jean-François Turbot. Il faut y ajouter
5 000 m2 de commerces dont un cinéma de trois salles. En ce premier jour d’après confinement, anxieux, les commerçants attendent la clientèle. Une perte de chiffre d’affaires importante remet en cause leur existence même. D’ailleurs certaines boutiques sont complètement vides de toutes marchandises.
Mises à part quelques rares familles échappées de leur région en bravant les interdits et prêts à acheter un souvenir, l’ambiance est lourde, morose. Époque étrange, irréelle ou la distanciation sociale oblige à s’éloigner de l’autre, l’inconnu, peut être porteur du virus sans le savoir.
La région Aquitaine a été peu impactée par la COVID-19 mais, visiblement, les nombreux Bordelais, propriétaires d’une résidence secondaire à Arcachon, sont encore sous le choc.
Texte et photos de Jeanine Duguet