Autisme et inclusion au lycée

Quelles sont les conditions d’admission dans un lycée pour un élève autiste ? C’est une des nombreuses questions que se posent  les parents de ces jeunes en situation de handicap.

 

Lors de la Journée mondiale de l’autisme le deux avril dernier, un nouveau regard a été porté sur l’autisme ou trouble envahissant du développement qui n’est pas une maladie. Peu connu, peu compris, de nombreuses conférences ont eu lieu sur ses différents formes, les progrès qui peuvent être accomplis pour une meilleure adaptation. À cette occasion, de nombreux parents ont exprimé leurs difficultés pour trouver des places et insérer leurs enfants dans des écoles ordinaires. Pour trouver des réponses L’Observatoire a interrogé des infirmières d’un lycée général et technologique d’une région du centre.

 

L’observatoire : Admettez-vous des élèves autistes et depuis combien de temps ?

Infirmières

Oui, des élèves sont diagnostiqués pour ce handicap dans le lycée. Arrivés en seconde, ils se trouvent actuellement en terminale ou en BTS. Rappel de la loi de 2005 : le droit à l’éducation est un droit fondamental pour tous les élèves quel que soit le handicap. L’intégration de ces élèves autistes est obligatoire tant que le niveau scolaire et le comportement sont compatibles.

 

— Quels sont les rôles de l’Académie ou de l’établissement dans l’admission ?

— Les élèves sont envoyés par les parents à la demande de l’élève. L’établissement doit répondre aux besoins  de l’élève.

 

Quels sont les rôles de l’Assistante sociale ou du Conseiller principal d’éducation (CPE) ?

— Ce sont les infirmières et l’équipe pédagogique, professeurs et CPE et un assistant de vie scolaire (AVS) qui gèrent l’insertion de l’élève. Actuellement nous manquons d’AVS.

 

—.Beaucoup de parents réclament une insertion scolaire de leurs enfants dans un établissement normal, votre lycée fait-il exception ?

—Non, puisque tous les lycées de France doivent respecter le droit pour chacun à une vie scolaire ordinaire.

 

— Quel regard portez-vous sur l’insertion de ces élèves ?

— Les progrès sont extrêmement positifs. L’élève explique à la classe sa pathologie en début d’année pour que les autres élèves puissent comprendre ce handicap. On peut mettre un tuteur à cet élève à ce moment-là pour éviter les moments les plus difficiles d’adaptation. L’élève doit conserver un cadre rassurant, des habitudes régulières. Comme tout ce qui est inhabituel les perturbe, il faut les rassurer sans cesse. Il faut aussi gérer les problèmes de communication avec les autres et le monde extérieur.

 

— Quels sont leurs parcours dans le supérieur ?

— Comme leurs capacités sont différentes, qu’ils ont choisi leur domaine de prédilection où ils sont le plus doués, ils réussissent encore mieux dans le supérieur. Parcours SUP accorde un bonus pour tous les postulants handicapés qui le souhaitent. Dans la vie professionnelle, leur insertion est de plus en plus fréquente et se fait également dans des conditions particulières.

 

— Avez-vous des élèves diagnostiqués Asperger ?

—Une élève est dans ce cas

 

— Sont-ils bien acceptés par les autres élèves ?

— En général oui, ils sont bien intégrés et aidés aussi, comme par les professeurs

 

— Quel regard avez-vous avec le recul sur l’insertion de ces élèves ?

— Ce n’est pas réellement une innovation d’intégrer ces élèves autistes dans des lycées puisque la loi de 2005 est une obligation incontournable. Ce qui a vraiment évolué, c’est le traitement de l’autisme qui est détecté plus rapidement qu’autrefois et surtout on en parle, ce qui n’était pas le cas avant. Ce handicap est identifié et on essaie de lever le tabou.

 

En 2016/2017, 300 815 enfants en situation de handicap ont été scolarisés dans des écoles et établissements relevant du ministère de l’Éducation nationale, public et privé, 172 145 dans le premier degré et 128 670 dans le second. Soit une augmentation de 7 % par rapport à l’année précédente en milieu ordinaire. Désormais, grâce à l’amélioration de la scolarisation et la professionnalisation des accompagnants, les parcours scolaires de ces enfants se diversifient et s’allongent. Les infirmières rappellent que l’intégration en milieu scolaire de tous les élèves handicapés et quels qu’ils soient ne peut être que bénéfique. C’est la politique de l’inclusion contre celle de l’exclusion.

 

Martine Lapeyrolerie