From Cenon

Roger Biwandu, lors d'une master classe, organisée par l'école de musique moderne à Bordeaux(photo de D.Sherwin-White)
Roger Biwandu, lors d'une master classe, organisée par l'école de musique moderne à Bordeaux(photo de D.Sherwin-White)

Roger Biwandu, musicien batteur depuis l'enfance, parcourt les scènes internationales et nous fait découvrir son talent ainsi que son goût pour la musique jazz.

 

C’est à l’école de musique de la ville de Cenon, en périphérie bordelaise que je retrouve Roger Kemp Biwandu pendant une séance de répétition. L’accueil est chaleureux par la beauté du lieu et l’humilité du musicien. C’est avec cette même humilité que Roger Biwandu me conte son parcours, de ses débuts de musicien par concerts dans les bars bordelais, alors qu’il était encore collégien, aux scènes internationales et aux collaborations musicales avec des grands noms du jazz. Histoire d’un prodige.

 

Une carrière précoce

C‘est sa naissance, dans un taxi, le 25 décembre 1972, sur la route de la maternité de l’hôpital Pellegrin, qui fait déjà de Roger quelqu’un de singulier.

D’origine zaïroise, Roger grandit à Cenon, dans une famille hautement cultivée et passionnée de musique, entre ses parents écoutant les meilleurs groupes de musique africaine et soul et ses soeurs dont la vie est rythmée par le bon rock des groupes Toto, Police ou encore les Beatles. Très tôt, Roger s’initie à la batterie et commence par jouer sur des barils de lessive dans l’appartement familial.

Puis, en même temps que son entrée au collège, il débute comme batteur avec le groupe de musique afro Ki-Jean lors de concerts organisés à Bordeaux dans des bars autour de la place de la Victoire. Premiers concerts, premiers cachets en tant que musicien.

Roger grandit et en parallèle d’études de comptabilité, il multiplie les voyages à Paris où il commence à tisser un vrai réseau avec d’autres musiciens issus des clubs de jazz de la capitale.

Le milieu des années 1990 marque un tournant décisif dans sa carrière musicale car il intègre la tournée Aux héros de la voltige de Jacques Higelin ; il interprète à la batterie la fameuse chanson Tombé du ciel. Sa carrière internationale est alors lancée lors d’une tournée de plusieurs années avec Salif Keita et Roger se produit ensuite dans des concerts aux quatre coins du monde où il joue avec de très grands noms du jazz américain comme Marcus Miller, Joe Zawinul et Franck McComb. 

 

Un retour sur la terre de ses origines

Plusieurs collaborations avec des musiciens d’origine africaine ne font pas oublier à Roger ses racines zaïroises (République Démocratique du Congo aujourd’hui). Dans les années 2000 il se produit en concert lors du Festival international JazzKif à Kinshasa et rencontre ainsi, pour la première fois, certains membres de sa famille. Puis en 2007, il dédie à sa famille et au peuple du Zaïre un titre Tribal illusions sur son premier album solo Influences. Suivent ensuite l’album From Palmer, enregistré en 2009 puis Two girls and a boy en 2017 en hommage à ses trois enfants.

Comme pour beaucoup d’artistes, la crise sanitaire a bouleversé l’existence des musiciens et mis un coup d’arrêt à la carrière internationale mais également solo de Roger, qui explique : « Avec le Covid tout s’est arrêté, en particulier pour les gens comme moi qui vivent de la musique, la situation est particulièrement préoccupante. » Pour s’en sortir, il mobilise les collectifs d’aide aux métiers de la musique et du spectacle et donne également des cours de batterie, en souhaitant que la vie musicale puisse reprendre rapidement son cours car son prochain et quatrième album est déjà en préparation et devrait sortir l’année prochaine.

 

Léa Thomas

 

 

  • Discographie
  • 2007 – Influences
  • 2009 – From Palmer
  • 2017 – Two girls and a boy