Raisons d'agir
Un groupe de bénévoles de Bordeaux: l'Alternative Urbaine vous propose une forme innovante d'insertion professionnelle
Des décennies de recherche en psychologie sociale ont permis de comprendre les ressorts de l’engagement dans toute entreprise humaine.
C’est aux États-Unis, lors de la seconde guerre mondiale qu’une première ébauche de la théorisation de l’engagement a lieu.
Tout a commencé pour faire face aux risques de pénurie alimentaire. Les Américains ont dû modifier leurs habitudes afin de prévenir les risques de malnutrition : pour les autorités et afin que rien ne se perde, il était important d’inciter les familles à remplacer les morceaux nobles de viande par les bas morceaux. Les radios diffusent alors des messages incitatifs mais ces campagnes ne produisent aucun effet, la persuasion échoue.
Les services publics vont alors demander à un psychologue social Kurt Lewin de s’intéresser au problème.Après quelques mises en situation, le but est atteint, les mères de famille changent de comportement.
Il fait le constat que l’engagement est obtenu quand la personne prend la décision de son propre chef, qu’elle est libre d’adhérer et en présence d’autrui. Et une fois la décision prise, elle s’y tient ce qu’il a nommé « l’effet de gel »1
Pas à pas
Dans les décennies suivantes, les recherches se sont poursuivies, appliquées à différents domaines.
La première définition est formulée par Kiesler et Sakumura2 « L’engagement correspond, dans une situation donnée, aux conditions dans lesquelles la réalisation d’un acte ne peut être imputable qu’à celui qui l’a réalisé. »
Si des divergences existent, tous les auteurs adhèrent au modèle selon lequel l’engagement est l’interaction dynamique de trois forces : affectives, comportementales et cognitives. Elles produisent un effet sur la psychologie de l’individu. Elles font qu’une personne initie puis maintient une ligne d’action ou de pensée envers un objet social important et valorisé.
Pour les forces affectives, c’est l’enthousiasme qui est le déclencheur du processus, il correspond au plaisir, à l’intérêt personnel à l’égard de l’objet d’engagement. Les forces comportementales sont sous-tendues par la persévérance qui favorise la poursuite des actions et efforts en dépit des obstacles. Enfin, les forces cognitives correspondent à la capacité de concilier les éléments positifs et négatifs associés au fait de s’engager car ce fait implique toujours certains aspects difficiles auxquels il faut faire face pour pouvoir profiter des avantages qu’il comporte.
Pierre, jeune homme de 18 ans, regarde la campagne de recrutement de l’Armée de terre, il lit : « Pour moi, pour les autres » ces quelques mots font sens, un sentiment d’exaltation s’impose à lui. Sa décision est prise. Dans un second temps, il évalue ses capacités physiques, mentales et d’adaptation. Le parcours sera certes difficile mais au bout du compte il en retirera de la fierté en tant qu’homme et citoyen. Les trois composantes seront à l’œuvre tout au long de son engagement.
Élans de solidarité
Pour tous, l’engagement est un défi que l’ensemble des associations doit relever. Treize millions de personnes ont une activité bénévole, principalement les seniors. France Bénévolat a réalisé avec l’IFOP le baromètre du bénévolat et constate une évolution : de plus en plus de jeunes s’engagent.Pendant la pandémie 2020, les deux tiers des associations ont dû stopper leur activité. On observe cependant des élans de solidarité aussi spontanés que spectaculaires envers les sans-abris, les personnes âgées, le personnel soignant. Cette solidarité et ce civisme seront-ils les prémices d’un véritable engagement dans le futur ?
1 effet de gel : Lewin en 1947 repris par Beauvois et Joulle en 2002 La soumission librement consentie (poche)
2 En 1966 cité dans Journal of personality and social psychology
Danièle Garde