En quête de mobilité
Ville, agglomération, métropole, la transformation du paysage urbain nous oblige à repenser nos modes de déplacement.
Dans les réunions de quartier, l'heure est à la mobilisation. Les associations pour ou contre (le tramway, le BHNS* le stationnement payant, les vélos qui franchissent les feux rouges, etc.), interpellent nos édiles qui répondent « concertation, discussion, intérêt général, nuisance) et proposent une réflexion sur les nouvelles mobilités et la mise en place de « l'intermodalité ».
Penser les déplacements
« Pour penser les nouvelles mobilités, il est nécessaire de les questionner dans une approche globale et non plus en termes de réseaux, de mode ou de tuyaux ».
Ce que nous confirme Antonio Gonzalez, directeur de l'équipe Dynamiques territoriales de l'Agence a'urba** : « Les ressources se raréfient : financières (diminution des contributions des partenaires) naturelles (combustibles), ce qui modifie nos façons de penser les mobilités. Plutôt que de partir des infrastructures de transport, on va privilégier une approche globale des modes de déplacement. Changement de paradigme : d'une politique de l'offre à une politique d'optimisation des stocks et de gestion de la demande (terminaux partiels des tramways, réservation en ligne des V-Cub). Il s'agit aujourd'hui d'encourager la multi modalité, à partir de l'étude des temps et des moyens de transports utilisés : un déplacement intermodal est un déplacement utilisant successivement plusieurs modes de transport mécanisés (tram, bus, voiture, vélo) ».
Il persiste : « Un autre enjeu est d'avoir une réflexion approfondie sur l'optimisation de la voirie. Une même voie peut supporter un véhicule de transport en commun (bus), une circulation de vélos, un espace pour les livraisons, du stationnement, en aménageant son occupation à des temps différents. Cela suppose une rationalisation de l'espace, une mutualisation des modes de transport ». Le débat dans les quartiers n'est pas clos !
La rocade
Objet de toutes les attentions, autant des utilisateurs que des politiques, la rocade bordelaise est au cœur des passions. C'est le plus grand périphérique de France (45 km). Elle a été mise en service par tronçons entre 1967 et 1993. La finalisation de la mise à 2X3 voies est prévue pour 2022. Initialement imaginée comme voie de contournement de l'agglomération bordelaise, elle participe plus à une fonction de redistribution locale. 72 % des usagers de la rocade sont des habitants de l'agglomération de Bordeaux, les déplacements de transit ne représentent que 8 % de l'activité. Les bordelais l’utilisent comme un boulevard urbain qu'ils intègrent dans leur déplacement radial (de la périphérie au centre) pour de petits parcours (déplacement en baïonnette) ce qui entraine une congestion du trafic. Autant d'habitudes à faire changer !
Grenelle des mobilités
Pour les pouvoirs publics et les utilisateurs, il s'agit de « promouvoir une démarche qui précisera les conditions et les projets nécessaires à une rupture sociétale pour pratiquer et organiser la mobilité dans l'agglomération bordelaise » 20 principes d'action et 18 mesures principales ont été retenues pour aller vers une mobilité fluide raisonnée et régulée : partage du temps, plan covoiturage, des transports publics etc. Saluons ici l'exhaustivité des travaux de l'agence a'urba et du Grenelle de l'environnement qui donneront lieu à une restitution partielle de leur contribution en février 2018.
Pour autant, aujourd'hui, la voiture est de loin le moyen le plus utilisé (7 déplacements sur 10). La part modale de la voiture a diminué sur la dernière décennie, celle des autres modes a augmenté. Au-delà d'1 km de déplacement, le piéton bordelais devient automobiliste.
À l'initiative de Koolicar, en partenariat avec la MAIF et Bordeaux Métropole, une expérience singulière est proposée : « Laissez votre voiture au parking et vivez une éco-expérience ».
Alors êtes-vous prêts ? Un mois sans ma voiture ! Du 31 mai au 30 juin dans la métropole bordelaise.
Jean-Louis Deysson
* Bus à haut niveau de service
** a'urba : Agence d'urbanisme de Bordeaux Métropole Aquitaine 1 Quai Armand Lalande 33 041 Bordeaux Cedex
La vitesse, une idée dépassée ( photo de D. Sherwin-White)