À moto
Élégante, racée, galbée à souhaits, objet d'étonnement, d'admiration et de rêve. Qui suis-je ?
Marmande, une enseigne, MOTOBOX. Elles sont là, toutes : Honda, Yamaha, Ducati... Toutes tailles, toutes formes, toutes couleurs, tous modèles. Dans le fond le nec plus ultra, tous chromes dehors, lignes parfaites, les intemporelles de James Dean, Steve Mac Queen, Easy Rider ou de BB : les Harley. Discret, le propriétaire du lieu s'approche. « Une vraie routière, on la regarde, on l'écoute, on tombe amoureux. La compagne d'escapade par excellence. Confort, fiabilité, élégance avec en prime un petit côté Bad boy, Ange sauvage ». En Harley, on s'encanaille class.
Ça roule
La roue, étape clé de l'histoire de la locomotion. Le jardinier, poussant sa brouette en remercie chaque jour le génial inventeur. À l'origine, on ne roulait pas sur l'ancêtre du vélo, pieds au sol, on avançait en chevauchant l'engin. Sont venus pédales, pédaliers, chaîne, toujours plus vite, toujours plus facile. Quelle invention, la bicyclette ! Pourtant dès 1860, Perreaux, un français, fabrique le premier vélo vapeur. Daimler tente même l'aventure d'un cyclo moteur à pétrole et à 4 roues. Au premier essai l'engin prend feu, l'inventeur y laisse sa chemise. En 1900, l'indétrônable petite reine donne l'idée à deux amis William Harley et Arthur Davidson de se lancer dans la fabrication de motocyclettes. Tous deux sont originaires de Milwaukee où la marque a encore son siège. William a étudié la mécanique des vélos et Arthur le modélisme industriel. Ils construiront des motos pour « permettre aux Américains d'aller plus vite et plus loin de façon plus confortable ». Le hic : leurs compétences en matière de moteur sont bien maigres. Qu'à cela ne tienne, le frère d'Arthur, Walter est machiniste pour les chemins de fers. Ils l'invitent à venir essayer la moto qui n'existe que dans leur tête. Pas rancunier, il se lance avec eux dans l'aventure, bientôt rejoint par le troisième frère. En 1903 Mr Davidson père leur construit dans son jardin un abri de 18 m2. La société Harley Davidson est née. La même année, elle produit 3 vélos dotés d'un moteur pompeusement appelés motos. En 1920, elle compte 2 400 ouvriers et produit 27 000 engins. À ce succès, deux raisons : une main d'œuvre abondante et la naissance de la V Twin 7 CV qui représente une révolution. L'arrivée sur le marché des voitures industrielles de Ford met un coup de frein aux ventes de motos. Il faut se diversifier : poste, police, armée s'équipent de Harley. On leur adjoint même des side-cars.
L'engouement repart malgré l'invasion des marques japonaises. Harley, c'est Harley et ses deux cylindres en V restent le signe de ralliement de tous les motards.
Docteur biker
Ana et Gaston jardinent dans le potager qui jouxte l'airial. On perçoit le glou glou de la rivière proche et la brise dans les grands pins. Soudain Gaston tend l'oreille « Tu l'entends ? Elle ronronne » « Mais non, Ana, c’est la BM des gendarmes qui ronronne, son bruit à Elle est unique ». Majestueux, un centaure casqué de noir débouche sous le grand chêne. Blouson de cuir, jean, santiags aux pieds, voilà le docteur. Comme à chaque visite, Gaston s'approche de la machine avec des yeux d'enfant. « Bonjour docteur ! Mais elle est neuve ! Encore plus belle, des chromes partout. On l'a à peine entendue. C'est la même ? » « Presque, encore un Road King mais elle est plus puissante 1 765 cm3 et la technologie progresse. J'ai toujours eu des motos, un virus que je n'ai pas envie de soigner. Dès que le soleil revient, je la regarde, la fais briller, l'écoute et je pars. Sur les chemins de la lande, sur les routes de Corse ou d'Andalousie, sa selle confortable, son guidon bien en main et son doux cliquetis me comblent. La liberté. Plus jeune, j'ai chevauché d'autres engins, nerveux, vrombissants, mais ma Harley c'est un peu moi. Je la connais, j'aime ses qualités et même ses défauts. Une passion. D'ailleurs, j'ai eu bien du mal à voir partir la dernière, j'ai même failli garder les deux. Bon, trêve de bavardages, au travail ! »
Extraordinaire machine, une aguicheuse certes mais ne dites jamais que vous n'avez besoin de personne en Harley Davidson. La mignonne flirte avec les 800 livres, alors...
Dany Guillon
Black panther ou bien tenues colorées. (photos D. Guillon)