Retour à la Nature

Longtemps négligée, la forêt du Bourgailh à Pessac raconte la reconquête d’un site naturel dégradé.

 Par Dominique Galopin

 

Si la forêt de Bourgailh, située à Pessac, a toujours existé au moins sous ce terme, elle a cependant connu plusieurs vies. Écrin bourgeois du château de Cyprien Bourgailh pendant le XIXe siècle, elle s’est par la suite rendue utile en site de gravière, avant de basculer partiellement, dans les années 1980, en décharge communautaire. Aujourd’hui le site classé Espace naturel sensible est entièrement dédié au développement durable et respectueux de la biodiversité de la forêt.

 

Plantes tropicales

« Derrière cette évolution, se dresse une ambition forte de la ville de Pessac, associée à Bordeaux Métropole, de réfléchir sur le meilleur devenir d’un immense poumon vert négligé », commente Isabelle Cougnet, Directrice adjointe de la Communication de l’Écosite1. Dans un premier temps, presque un million de tonnes de terre ont été ramenées pour masquer la masse des déchets, formant ainsi une véritable colline qui culmine à 70 mètres de haut. Puis de nombreux parcours et équipements ont jalonné les 110 hectares de forêt. Parmi les éléments les plus remarquables, trois belvédères se dressent fièrement à 13 ou 18 mètres de haut, offrant des points de vue panoramiques uniques. On y trouve aussi une originale piste de bike park, un mur d’escalade ou, pour les activités culturelles, un imposant théâtre de nature accueillant 400 places. Les amoureux des plantes se pressent dans le potager pédagogique ou dans la serre de 1 300 m2 regroupant 3 500 plants exotiques arrivés du monde entier, ce qui en fait la plus grande collection de plantes tropicales de Nouvelle-Aquitaine.

 

Corridor écologique

Si la ville de Pessac et la Métropole gèrent les équipements et les plantations de la forêt, toute l’animation et l’éducation environnementales ont été confiées à Écosite, association créée en 2002. « La raison d’être de notre association, explique Mme Cougnet, est de faire découvrir la nature et les enjeux environnementaux lors de balades naturalistes, d’ateliers, de découvertes et de diverses initiations. » En effet, cette forêt, qui suit le cours du Peugue, représente un véritable corridor écologique pour la circulation des espèces animales et végétales. « En vingt ans d’existence, nous avons identifié près de 900 espèces animales et végétales. »

Bonnes et mauvaises nouvelles se confondent sur un même lieu. Le bouvreuil pivoine, oiseau très rare, se dévoile devant les pièges caméras, tandis que les moineaux et les merles désespèrent les compteurs du fait de leur diminution. Les salamandres tachetées, amphibiens qui ne savent pas nager et qui se réfugient sous les arbres, sont très menacés de même que les couleuvres principalement décimées par les animaux domestiques. Aux abords des eaux calmes, l’agile libellule vole tranquille, plus de 29 espèces s’épanouissent dans ce parc.

Si les orchidées sauvages restent bien protégées dans les prairies humides, l’alerte est de mise pour les espèces exotiques envahissantes (EEE), importées par l’homme et aussi résistantes qu’opportunistes. « On peut citer l’herbe de la Pampa, le raisin d’Amérique ou le cerisier tardif, sorte de prunier. Nous avons essentiellement une mission d’inventaire de la faune et de la flore et en lien avec divers organismes, nous transmettons nos données selon les directives étatiques ». La biodiversité et les loisirs avancent main dans la main dans l’un des plus grands écrins verts de la métropole bordelaise.

 

1 L'association Écosite du Bourgailh éduque et anime sur les thématiques de l’environnement

 

Encadré :

Animations phares à prévoir en 2025 :

– Printemps de la Forêt, 19 et 20 avril (30 000 visiteurs en 2024)

– Nuit des Étoiles, 3 août

– Citrouille et compagnie, 4 et 5 octobre