L'accès au rêve

La Martinique, le rocher du diamant
La Martinique, le rocher du diamant

L’agence de voyage est l’étape transitoire qui permet de passer du désir à la réalité et à l’action.

Par Arlette Petit

 

Une agence de voyage de la métropole bordelaise, qui a pignon sur rue depuis de nombreuses années, perdure grâce à sa très bonne réputation. En effet, pour découvrir de nouveaux paysages, des peuples variés, des modes de vie inhabituels, des coutumes surprenantes, de belles plages, il est conseillé de s’adresser plutôt à des professionnels. À notre entrée, une jeune femme, Louise, nous accueille aimablement. La pièce est vaste, meublée de trois grands bureaux, suffisamment espacés pour permettre une certaine confidentialité. Les murs sont tous occupés par de grands cadres colorés, présentant des paysages à couper le souffle.

 

L'Observatoire : Pouvez-vous nous raconter votre parcours pour accéder à ce poste.

—Louise : J’ai eu le BAC puis un BTS de tourisme, une licence professionnelle et j’ai travaillé en alternance entre cette agence et l’école. J’ai commencé ce métier à vingt ans, cela fait vingt-deux ans que je suis ici. J’ai toujours pensé que je travaillerai dans le tourisme. C’était mon rêve, je pensais que cette profession m'ouvrirait de nouveaux horizons.

 

— Vous est-il arrivé d’éprouver un sentiment de frustration lorsque vous proposez un de ces merveilleux voyages ?

Non, pas du tout, parce que professionnellement, je fais des voyages assez souvent avec un groupe de personnes, une dizaine à peu près, de différentes agences. Nous devons aller dans tous les hôtels, les restaurants et faire les circuits pour pouvoir les proposer à nos clients sans faire d’erreurs.

 

— Est-ce difficile de vendre des rêves ?

En principe, nos clients savent déjà ce qu’ils veulent. Ils viennent nous voir avec la certitude qu’ils vont réaliser leurs désirs. De ce fait, ils sont très décontractés, plutôt joyeux. D’autre part, nous avons une clientèle fidélisée grâce à nos compétences et à l’accueil qui leur est réservé.

 

— Quelle est la période la plus demandée ? 

Le mois d’août est celui qui est le plus chargé puisque c’est la période des vacances de la plupart des Français. Ils sont attirés par les pays méditerranéens, la Provence, l’Italie, la Grèce, la Turquie, la Tunisie, le Maroc, l’Espagne et L’Égypte. L’hiver est aussi très chargé, pour Noël et les vacances de Pâques, mais les destinations sont différentes de celles de l’été, ce sont les Canaries, le Cap Vert, les Antilles, l’Asie, L’Inde toutes les destinations où le soleil est assuré.

 

— Quelle est la durée de ces voyages ?

L’été, nos voyageurs ne prennent qu’une semaine, l’hiver c’est très différent, les moyens financiers en principe sont plus élevés, la durée peut être de 10 jours à un mois. La distance est plus grande. Beaucoup de retraités recherchent la chaleur.

 

— Est-ce qu'on vous demande des crédits ?

Non, parce qu'entre l’achat et la réalisation, il s’écoule entre deux et trois mois. Nos clients ont le temps de s’organiser puisqu’ils versent un tiers lors de la commande et le solde juste au départ.

 

— Et vous Louise, quelles sont vos destinations de rêve ?

J’aime beaucoup l’Asie, ses monuments, ses habitants, leur nourriture, leur sagesse, leur mode vestimentaire et leurs coutumes. L’Afrique aussi, en particulier le Botswana et la Tanzanie.

 

Nous profitons de l’arrivée d’éventuels voyageurs, pour rêver devant les photos : la plus colorée représente une jeune fille naviguant sur le lac Titicaca, dans une sorte de bateau en bambou jaune et rouge. Vêtue d’une superposition de tricots au couleurs vives, d’une jupe évasée rouge, d'un chapeau clair aux larges bords, elle a deux tresses très brunes, coiffure traditionnelle des Andes. À quelques mètres, un paysage polaire. Le contraste avec le précédent est surprenant puisqu’il s’agit d’un paysage de l’Antarctique : une eau bleu foncé, un ours cherchant sa nourriture avec en premier plan une profusion de fleurs violettes, des épilobes qui poussent l’été dans ce coin sauvage du globe. Au fond de la pièce, c'est une photo de l’île de Pate, au Kenya, où dominent le vert de la mangrove et le bleu de l’océan indien.

 

Nous quittons la pièce discrètement en pensant aux mots de Nicolas Bouvier « On croit que l’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui nous fait ou nous défait. »