Rêveries de saison

Les quatre saisons aux Rencontres Musicales internationales des Graves au château Smith Haut-Lévèque en 2012u
Les quatre saisons aux Rencontres Musicales internationales des Graves au château Smith Haut-Lévèque en 2012u

Ouvrir la fenêtre de son salon cosy, s’installer confortablement dans son fauteuil, écouter de la musique classique sont autant d’invitations au voyage.

 

Auteur des quatre saisons opus 8, Antonio Vivaldi, violoniste de génie de l’époque baroque a composé en 1723 à Venise ce recueil de concertos, lesquels s’accompagnent de sonnets écrits de sa main et s’apparentent à des tableaux musicaux associant la peinture, la poésie et le changement de saisons. 

Au son de la musique pour violons et cordes du maestro, le décor printanier du premier tableau se met en place. Le voyage commence.

 

La belle saison

C’est l’éveil, le souffle de la vie. Le premier concerto en mi majeur du prêtre roux, surnom d'Antonio Vivaldi, commence par un allegro à quatre temps, mouvement rapide, louant le retour de la belle saison. Celle-ci, sous un soleil radieux accueille les oiseaux et les premières fleurs. Les arbres, quant à eux, se vêtent de feuilles et la vigne s’épanouit. Plus loin, la rivière coule, ses eaux claires alimentent le lac bleu. Le ciel s’obscurcit brusquement et après l’orage et ses éclairs, apparaît alors l’arc-en-ciel. Puis le calme revient, les oisillons et la faune sont rassurés.

Avec le second mouvement, du largo en do dièse mineur, lent et grave, l’herbe reverdit, les bourgeons apparaissent. Au fur et à mesure du temps qui passe, la température se réchauffe, les animaux et les oiseaux, le coucou, la tourterelle et le chardonneret, chers à Vivaldi, en profitent pour prendre possession de l’espace. Le troisième mouvement, un allegro en mi majeur, invite à la danse.

 

Un tourbillon de fêtes

Doucement, l’été remplace le printemps. La saison change, elle invite à la sagesse, à l’épanouissement. Le premier mouvement est un allegro très doux et mélancolique en sol mineur, c’est le moment choisi par le soleil au zénith pour irradier la nature de ses rayons brûlants. De leur côté, les fruits rouges attirent les convoitises. C’est aussi la saison des fêtes, les robes multicolores tourbillonnent au son de la musique. En cette période, la nourriture abonde. Mais si le vent continue de souffler, la sècheresse va s’installer.

Puis, l’adagio en sol mineur à quatre temps rassemble les éclairs, le tonnerre gronde ; d’un œil attentif, le berger et son chien surveillent le bétail.

Comme sous l’emprise du troisième mouvement, presto en sol mineur, les moutons sont terrifiés, la grêle s’invite, n’épargnant ni les vignes, ni les récoltes sur pieds.

 

Viennent les vendanges

Sur l’allegro en fa majeur, le paysage se transforme en une palette de couleurs chaudes allant du jaune pâle au marron foncé. Voici la saison du brouillard et des vendanges. La récolte sera bonne. Bacchus s’invite aux festins, aux danses et aux chants.

Changement de tempo, l’adagio molto, très expressif, se fait entendre, il exhorte au plaisir.

Il est suivi par l’allegro, ce dernier mouvement automnal excite les chasseurs et leurs chiens à poursuivre le gibier effrayé.

 

Auprès du feu

Le concerto numéro quatre en fa mineur, débute par un allegro. Il annonce l’hiver, la tristesse, le repli de la nature et de soi. Le ruisseau est gelé, les arbres se dépouillent de leurs feuilles, le vent froid est mordant et sous la neige les promeneurs s’emmitouflent dans des vêtements chauds. Si le cadre change, les habitudes aussi tant pour les humains que pour les animaux.

Le second des trois mouvements, le largo, conseille aux habitants de rester auprès du feu pour éviter la pluie glaciale. Antonio Vivaldi termine son dernier tableau musical sur un allegro qui se veut être, malgré tout, un message d’espoir et de joie.

Puis la musique s’arrête, les paysages disparaissent et le voyage s’achève.

 

Héliette Sicilia